Ne comparons pas nos peines
Nos vies, à travers nos veines
L’amour que tu as su faire
Le chagrin dont j’ai souffert
Je n’ai pas versé de larme
Je survis dans le vacarme
Que son absence désarme
Ne crois pas que mon silence
Dise mon indifférence
On ne vit pas sa souffrance
Tous avec la même danse.
Ne comparons pas nos haines
Nous n’y trouverions que chaines
Robe noire de nos dégaines
Déguisant notre semaine
Je veux vivre à perdre haleine
Affamée plus qu’une hyène
Pour jouer encore la scène
La nuit, à l’heure où les sirènes
Crient pour ceux que l’on emmène
Je donnerais Rome, Athènes
Pour un frisson dans l’arène.
Je chanterai les murènes,
Où sont nos valses de Vienne ?
Et Étienne, Étienne, Étienne !
Là ! Tu le tiens ?
Ne comparons pas nos peines
Ma douleur vaut bien la tienne
Ta douleur vaut bien la mienne
On va manquer d’oxygène
Avant que la fin ne vienne
Vivons nos plaisirs sans gêne
Vois venir la vulve reine !
Toi qui vénéras l’hymen
Tu t’es mis au gynogène
Et, souveraine lesbienne
C’est toi dis quand on ken !
On ne sait pas la souffrance
Comme on mesure une audience
Ni sous le fracas des bombes
Lesquels creuseront leur tombe ?
Dans les rayons de lumière
Nous retournerons poussière
A quoi bon faire la fière ?
Fi de Rimbaud, de Verlaine
De nos lamentations vaines
S’il est bien temps de mourir,
Il est surtout temps de jouir.
Aujourd’hui plus que chrétienne
L’Europe est américaine
À quoi bon des rockets en ces temps de détresse ?
Ne comparons pas nos manques
Nos versets de saltimbanques
Qui n’a ressenti l’absence ?
Qui en comprendra le sens ?
Qui n’a rêvé d’un retour
Toi tu serais son amante
Toi le voisin que l’on chante
Toi son pote de toujours
Qui n’a bu de ces ivresses
Les souvenirs de jeunesse
Et des fêtes turbulentes
Combattu les vagues lentes
Avant d’enterrer nos rêves
Et juste avant que l’on crève
Écorchés et irradiés,
Nos corps nus entrelacés
Jusqu’aux confins de l’oubli
Entonnons le chant radieux
Savourons jusqu’à la lie
Le grand jour de nos adieux.
RXINA, Maubuisson, 30 avril 2023
(Pour Patti)